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Carte postale suédoise: août 2007

12 août 2007

Pendant la pluie.

Arc-en-ciel sur la Seine.

Tour Eiffel et Pont Alexandre III, ciel sombre.

11 août 2007

L'espion qui me lisait.

En ce moment, durant les 15 minutes de Reureu qui séparent mon appartement du bureau, je (re)lis Le deuxième sexe, de Simone de Beauvoir [*]. Un livre qui a sans doute mal vieilli, même s'il pose des questions fondamentales. J'aime assez observer le regard des gens qui tentent de voir ce que vous lisez. Et, avec Le deuxième sexe entre les mains, cela prend une tournure encore plus drôle.

Il y a les gens qui ne connaissent ni le titre ni l'auteure, et qui se demandent comment vous osez lire un roman pornographique dans le RER à l'heure de pointe. Il y a les gens qui vous regardent fixement pour essayer de deviner de quel genre de livre il peut s'agir. Et il y a les gens qui connaissent le livre. Des femmes qui me disent qu'elles apprécient qu'un homme le lise. Des femmes qui me disent que c'est un ramassis de conneries et que je devrais arrêter ma lecture immédiatement. Des hommes qui me disent que c'est un essai fondateur, d'autres qui me disent que c'est chiant comme la pluie. Des hommes qui ne l'ont pas lu mais qui me disent que c'est un truc écrit par une hystérique qui avait ses règles. Sympathique.

Avant Le deuxième sexe, dans le RER, c'était Populärmusik från Vittula, de Niemi. Couverture jaune et bleue passant relativement peu inaperçu. Des gens qui croient alors que je ne suis pas français, et qui demandent à la personne à côté d'eux "dites, c'est quoi comme langue, à votre avis ?".

On s'amuse comme on peut, dans le RER.

[*] Oui je sais, ce n'est pas une lecture facile, pour les transports en commun. Un jour je vous raconterai comment j'ai, après haute lutte, lu Les héritiers de Bourdieu l'été 2004, à Nantes, dans le tram', par tranche de deux fois quarante minutes chaque jour. Un vrai massacre, j'en ai presque honte.

[**] A propos d'espion qui me lisait, je me suis toujours dit que l'une des meilleures chansons de Radiohead était la reprise de Nobody does it better, la chanson-titre du James Bond L'espion qui m'aimait, originellement chantée par Carly Simon. Thom Yorke l'a qualifiée un jour de "sexiest song that was ever written". Je crois qu'il n'a pas franchement tort.

Attention, enregistrement bootleg plutôt rare.



5 août 2007

Les maque-merde de 14 heures.

Photo d'étals de marché

Dans ma rue a lieu (presque) tous les jours un marché. C'est d'ailleurs pour cela qu'elle est connue, ma rue. Pour son marché atypique et coloré, pour ses maraîchers qui hèlent à loisir les badauds, pour ses marchands d'épices, pour ses fleuristes, pour le monde que l'on y trouve le samedi et le dimanche matin, pour sa vie.

C'est qu'il a une particularité, ce marché. Au-delà de son charme, il s'agit de l'un des moins chers de Paris. Pour l'illustrer, extraits de mon cabas, de retour du marché de ce matin :

- 500 grammes de framboises, 1 euro.
- 1 pastèque, 1 euro.
- 1 kilo de cerises, 2 euros 50.
- 2 kilos de haricots verts, 1 euro 50.
- 1 kilo de tomates coeur de boeuf, 1 euro 50.

Bref, tout ça pour dire que c'est un véritable plaisir que de faire ses courses à cet endroit, d'y aller de temps en temps le matin avant de partir pour le boulot, et de revenir les mains chargées de fruits et légumes, tout ça pour quelques euros, après avoir discuté avec les maraîchers qui ont toujours autant de gouaille ("1 kilo de bananes de Martinique à 90 centimes, s'il vous plaît" "tu me donnes 10 centimes de plus, mon frère, t'as deux kilos" "oui c'est cool mais franchement, qu'est-ce que je vais faire de deux kilos de bananes alors que je suis tout seul, bonhomme, hein ?").

Aux alentours de 14 heures, fin du marché. La rue prend des allures de champ de bataille, restes de légumes au sol, balayeuses qui s'activent, trottoirs trempés, cageots traînant un peu partout, cageots remplis des invendus bien souvent (très) abîmés. Une heure après, la rue est à peu près comme neuve, et le cycle reprend de plus belle le lendemain.

Vers 14 heures donc, alors que les maraîchers bien souvent épuisés démontent leurs étals, tout ce que le quartier (et peut-être plus encore, parfois j'ai des doutes) compte de prout-ma-chère-culs-pincés-avec porte-monnaie-équipés-d'oursins se retrouve à fouiller les cageots. Prêts à passer 30 minutes à fouiner parmi les fruits abîmés, pour en extraire environ une dizaine un peu moins abîmés que les autres, tout cela pour avoir le plaisir d'avoir économisé à peine un euro.

Image relativement pitoyable de ces gens à sac à main Longchamp ou polo Fred Perry satisfaits d'avoir économisé quelques centimes sur le dos de maraîchers qui roulent sur l'or (c'est bien connu). La résidence secondaire sur la côte normande est à ce prix, sans doute.