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Carte postale suédoise: juin 2007

30 juin 2007

Marche des fiertés - Paris 2007.















29 juin 2007

Tellement prévisible.

Dans les journaux télévisés depuis hier soir, on parle d'un dérapage verbal de Patrick Devedjian envers Anne-Marie Comparini. J'y vois simplement un énième relent de machisme, machisme tellement accepté, ancré dans notre société, normalisé, qu'il n'est que très peu souligné.

Et encore une fois, merci Guillermito.

27 juin 2007

Elle aura su rêver.

Florence Foster Jenkins est un mythe. Une espèce d'OVNI qui, malgré sa mort remontant à plus de soixante ans, a encore de nombreux admirateurs de par le monde.


Air qui semble être la sainte colère ("Der hölle Rache") de la reine de la nuit, dans La flûte enchantée de W.A. Mozart.
(je vous recommande d'écouter le pauvre pianiste, M. McMoon, qui essaye désespérément de suivre le(s) rythme(s) de la pétulante Florence)


Jenkins, c'est un gag de A à Z, des airs qu'il est impossible d'écouter sans avoir le sourire. Une riche héritière persuadée qu'elle a un génial talent (les gens riches sont toujours talentueux, il faut le savoir) et se produit donc en public, en donnant tout d'abord des concerts "à compte d'auteur", puis remplissant ensuite le Carnegie Hall. Qui ne se rendait pas compte que les gens ne venaient à ses spectacles que pour rire (elle interprètera les rires entendus lors de ses concerts comme de l'intimidation de sopranos rivales). Qui avait des costumes de scène tellement kitschs que Boy George passerait pour un chantre du bon goût.

Peu d'enregistrements subsistent de la regrettée Florence Foster Jenkins. Il en est cependant un, chez RCA Victor / BMG classics (attention, objet collector), qui a parfaitement compris l'esprit de la chose, et propose un livret accompagnatif énormissime. A lire à la manière d'un pince sans rire un brin méchant qui tape sur une bête de foire un peu à terre.

Extrait.
Dans toute l'histoire de la musique, peu d'artistes procurèrent autant de plaisir sans mélange que Florence Foster Jenkins. Mais cette extraordinaire soprano eut la sagesse de ne pas trop exploiter son succès.
Elle refusa catégoriquement de se produire de se produire à New-York plus d'une fois par an et rarement ailleurs, sauf dans des centres musicaux pour lesquels elle avait une prédilection comme Washington et Newport. Pendant des années, le récital qu'elle donna annuellement au Ritz-Carlton fut un cérémonial privé à l'attention de quelques privilégiés - un cercle loyal à tout crin, composé de membres de clubs féminins et des cognoscenti audacieux. Si ces derniers faisaient parfois preuve d'un manque grossier de retenue, ils se montraient néanmoins fidèles.
Les critiques musicaux couvrirent l'événement en utilisant exactement le même langage alambiqué qui déconcerte fréquemment, quoique peut-être moins intentionnellement, le public et le pousse à s'interroger sur ce qui s'est réellement passé la soirée précédente. Puis le bouche à oreille fit son effet. Il devint plus difficile de se procurer des billets pour ses récitals que pour des finales de baseball. Le soir du 25 octobre 1944, Madame Jenkins sauta finalement le pas. Abandonnant l'ambiance luxueuse des salles de bal d'hôtels, elle affronta le Carnegie Hall.
Certains affirment que c'est de désespoir qu'elle mourut un mois et un jour plus tard - ce qui est ausi improbable que la rumeur selon laquelle toute sa carrière aurait été une énorme plaisanterie aux frais du public, plaisanterie assez coûteuse, à propos, étant donné que tous les billets furent vendus plusieurs semaines avant le récital de Carnegie Hall et que la recette s'éleva à quelques 6000 dollars. En outre, feu Robert Bagar écrivit dans le World-Telegram de New-York : "Son travail la rendait très heureuse. Il est dommage que ce soit le cas de si peu d'artistes. Et ce bonheur se communiquait comme par magie à ceux qui l'entendaient..."
Non, Madame Jenkins mourut chargée d'ans - 76 pour être exact - et, on peut le dire sans risque, le coeur content.
Ni ses parents ni son mari ne l'encouragèrent en aucune façon dans ses ambitions musicales, mais, après son divorce, grâce à l'argent qu'elle avait hérité de son père, banquier de Wilkes-Barre et avocat ayant exercé en Pennsylvanie, elle fut libre de porter son attention sur New-York. Elle obtint son premier succès en 1912 en tant que présidente et organisatrice des Tableaux vivants du Euterpe Club. Elle paya également volontiers la note de l'extravagant spectacle donné chaque année à son Verdi Club. Le titre de ce divertissement - "Le bal des alouettes d'argent" - donne une idée de sa somptuosité.
Tout ceci lui permit de donner libre cours à ses dons de créatrice de costumes, talent qui devait se révéler presque aussi saisissant que ses envolées vocales. Tous les récitals de Jenkins comportaient au moins trois changements de costumes. Dans "Ange de l'inspiration", une apparition épaisse et corpulente, toute en ailes et paillettes et tulle, se frayait un chemin à travers une forêt de plantes d'appartement jusqu'à la courbe du piano à queue. Il n'est pas étonnant que feue Helen Hokinson ait été une très grande admiratrice de Jenkins.
Sa méthode de distribution de billets était également unique et un modèle d'honnêteté. Entre les mains des revendeurs ces billets si convoités auraient rapporté dix fois plus. Il est toutefois douteux que ce soit la raison pour laquelle elle exigeait que les gens désireux de se procurer des billets se présentent en personne à l'hôtel bourgeois du centre de Manhattan où elle résidait. Jouant avec les billets comme Rosine le ferait avec son éventail, elle demandait au client éventuel :
"M. Gilkey, êtes-vous - euh - journaliste ?"
" Non Madame Jenkins," répondait le client avec retenue, "mélomane."
"Très bien," disait la diva avec un sourire radieux. "Deux dollar cinquante, s'il vous plaît. Puis-je vous offrir un verre de xérès ?"
Quelle question ? Qui refuserait de prendre un petit verre avec ce phénomène du monde musical de notre temps ?
Il est vraiment dommage qu'elle n'ait jamais enregistré le morceau qu'elle chantait toujours en guise de bis, Clavelitos, chanson qu'elle était toujours forcée de reprendre. Selon des témoignages contemporains, Madame Jenkins entrait en scène revêtue d'un châle espagnol avec, dans les cheveux, un peigne incrusté de pierreries et une fleur écarlate, comme Carmen. Elle ponctuait le rythme cadencé de la chanson en lançant à ses auditeurs ravis de minuscules fleurs écarlates qu'elle prenait dans un joli panier. Une fois, dans un instant de confusion, le panier suivit les petites fleurs dans le public. Il fut, lui aussi, reçu avec ardeur.
Avant qu'elle reprenne la chanson, son accompagnateur, déjà surmené, dut passer parmi les spectateurs réjouis du parterre pour récupérer les petites fleurs et le panier. A ce moment-là l'enthousiasme du public atteignit un paroxysme indescriptible.
En 1943, à la suite d'un accident subi dans un taxi, elle découvrit qu'elle était capable de chanter "un fa plus aigu que jamais auparavant". Au lieu d'intenter un procès à la compagnie de taxis, elle envoya au chauffeur une magnifique boîte à cigares.
Bien que le style de colorature aiguë ait été son domaine particulier, Madame Jenkins s'aventura également dans l'univers plus paisible du Lied. Elle entama son programme de 1934 en chantant Die Mainacht de Brahms. Sous le titre se trouvait cette citation :
Ô chanteur, si tu ne sais pas rêver,
Ne chante pas cette chanson.

Personne ne pourra jamais accuser Florence Foster Jenkins de n'avoir pas su rêver.

[...]

- Francis Robinson
Directeur adjoint du Metropolitan Opera (1952 - 1976) et auteur de Caruso: His life in pictures

Catch-22, Joseph Heller.

Couverture de Catch 22.

Je viens de finir un des nombreux ouvrages que j'avais achetés lors de ma dernière bokrea, Catch-22, de Joseph Heller. Un roman publié en 1961, pratiquement culte, sur l'absurdité de la guerre.

Ce qui m'a donné envie de lire ce livre, c'est que l'un de ses concepts est devenu tellement célèbre que le titre de l'oeuvre elle-même est devenu une expression d'usage courant en anglais. Pas si courant, tout de même, d'introduire de nouvelles idées qui se répandent comme de la poudre dans le langage courant. Preuve qu'il ne fallait pas que je passe à côté de ce monument.

"A catch-22 situation". Dès que je l'ai entendue pour la première fois (et comprise), cette expression m'a tapé dans l'oreille. J'ai un peu cherché son équivalent français, dans des histoires de double-contrainte, de paradoxe, de problème de la poule et de l'oeuf.

Dans le roman, il s'agit d'un règlement. Le règlement 22 de l'hôpital militaire dans lequel Yossarian, capitaine de bombardier dans le Pacifique, feint la folie pour ne pas aller au combat.

There was only one catch and that was Catch-22, which specified that a concern for one's safety in the face of dangers that were real and immediate was the process of a rational mind. Orr was crazy and could be grounded. All he had to do was ask; and as soon as he did, he would no longer be crazy and would have to fly more missions. Orr would be crazy to fly more missions and sane if he didn't, but if he was sane he had to fly them. If he flew them he was crazy and didn't have to; but if he didn't want to he was sane and had to. Yossarian was moved very deeply by the absolute simplicity of this clause of Catch-22 and let out a respectful whistle.


Qui veut se faire dispenser de combat pour folie n'est pas réellement fou. Un paradoxe d'une absurdité à s'arracher les cheveux.

Les situations à la Catch 22 sont monnaie courante dans la vie de tous les jours. Un processus A qui a besoin que le processus B soit fini pour pouvoir se finir, alors que le processus B a lui-même besoin de la fin du processus A pour s'achever. Et des situations comme celle-là, j'en ai rencontré énormément depuis mon départ de Suède.

Vous cherchez un travail alors que vous êtes encore jeune ? Vous consultez les annonces, mais l'on demande à chaque fois que vous ayez de l'expérience. Expérience qui ne s'obtient qu'en ayant un travail. Le serpent qui se mord la queue.

Vous avez réussi à trouver un travail à Paris mais vous n'habitez pas Paris ? Vous cherchez un logement, mais à chaque fois on vous demande un contrat de travail et des feuilles de salaire. Contrat de travail dont la date de commencement n'est réellement effective que lorsque vous pouvez vivre sur place.

Vous voulez ouvrir une connexion à Internet ? Vous pouvez le faire, en faisant une demande par Internet.

Je ne vous parle même pas des programmes informatiques qui plantent car ils contiennent deux programmes qui sont mutuellement dépendants l'un de l'autre.

Lorsque l'on fait face à ce genre de situation, pour éviter d'atterrir dans une impasse, il faut trouver un déclic. Une parade qui permettra d'empêcher que la situation ne s'enlise à jamais. Un petit truc qui permette de contourner le problème, quitte à enfreindre les règles.

Et quand il s'agit de situations amoureuses perdant-perdant...

13 juin 2007

Mosaïque de couleurs.
Détail d'une mosaïque colorée [1][2] réalisée par Cilla Ramnek à l'occasion de l'exposition "Briocollage" au Centre culturel suédois (Paris 3e). J'avoue que j'ai un peu de mal à apprécier le côté "artistique" des motifs répétitifs, mais la partie de l'exposition consacrée à la marque de jouets en bois Brio était un peu plus intéressante, et j'ai eu la joie d'y parler suédois autrement que par téléphone pour la première fois depuis mon retour en France, avec une charmante dame venant de Stockholm passionnée par l'architecture française des années 70.

De tous les noms de magasins que l'on peut rencontrer, j'ai remarqué que les plus drôles étaient souvent ceux qui avaient trait aux animaux de compagnie. Magasins de toilettage, de joujoux et autres gadgets pour Mirza, Minette ou Choupette, tous ont bien souvent un nom à tiroirs qui les démarque des autres magasins (au-delà de "Bon chic bon chien" et des "Aristo' chats").

La première fois que je me suis dit cela, c'était à Sainte-Croix, en Suisse. Un magasin de nourriture pour chiens et chats qui s'appelait La gamelle du poilu. Ce qui, pour un pays n'ayant pas connu la guerre, était tout de même drôle.

Puis sont venus les calembours que Pérusse n'aurait pas renié, comme Chat c'est chouette, Mine de chien ou C'ouaf toutou et Nom d'un chien (j'aime assez ce dernier, j'imagine les propriétaires se gratter la tête en disant "pour le magasin on cherche le nom d'un chien, nom d'un chien, nom d'un chien...").

A Fécamp, aussi, dans la région d'enfance de Guy de Maupassant, il y a Mon Bel Ami.

Hier enfin, dans la boîte à lettres, un prospectus pour du dressage canin, de l'aide quant aux problèmes comportementaux des chiens (agressivité...), et des cours d'obéissance. Os cours.

Promis, je vous épargne un prochain billet sur les magasins dont les propriétaires ont des noms rigolos, comme M. Lapaire, opticien à Guingamp, et M. Rognon, boucher à Pontarlier.


[1] Vous vous souvenez de ce jeu pour enfants dont on fait un peu fondre le plastique à la fin, avec un fer à repasser, pour que l'ensemble tienne ?
[2] Un bon test pour se rendre compte de la distorsion qu'engendre mon appareil photo compact, ce plan serré sur des lignes horizontales. Ouch, je ne savais pas qu'elle était aussi prononcée.

7 juin 2007

Sur le fil.

Après quelques sueurs froides et moult nuits sans sommeil, me voilà locataire d'un deux pièces à Paris. Les visites d'appartements où trente prétendants assoiffés de sang vous toisent n'auront pas eu raison de moi, il va s'agir maintenant d'aménager la chose gentiment. A une vingtaine de jours de ma reprise professionnelle, il était tout de même moins une. Reste à savoir combien de temps je resterai dans cet appartement, il n'est après tout que le huitième en cinq ans. Mais j'aimerais quand même bien faire chuter sérieusement la moyenne.